Jeudi 7. Voilà décembre, la fin de l’année et des vacances à l’horizon … Un mois qui commence sous le signe de la fatigue, pas tant hivernale que post « traumatique » car je viens de passer le fameux JLPT (test de niveau de japonais décliné sous plusieurs niveaux). Rien de tel que 5h dans un hall d’exposition tout bétonné sans lumière naturelle à passer des examens avec un millier d’inconnus, à 1h30 de chez soi, un dimanche ! Hormis le sentiment sur le moment, aux vues des conditions, d’être telle une bête en partance pour l’abattoir, je pense que ça s’est bien passé. On verra plus tard avec les résultats.

Les feuilles continuent de tomber, les arbres se déplument, il fait plus souvent beau que gris. Peut-être est-ce l’hiver qui approche, le résidu de stress (évidemment, toujours un peu même si je trouve y avoir été peu sujette), ou le contre-coup d’un mois de novembre passé à bachoter, mais il me semble que moi aussi je perds mon feuillage. Pas certaine en revanche que mon système soit aussi bien rodé que celui des arbres … Essentiellement des désagréments physiques, certains diront la vie … vision trouble, cheveux blancs, des marques du temps qui passe, et des signes d’inattentions qui montrent peut-être que j’ai un peu tiré sur la corde. C’est que c’est un peu désorientant, finalement, l’après « moment important ». Il faut se laisser le temps, accepter, et puis aller chez l’ophtalmo même si on est une ex « binoclarde » opérée qui a peur de remettre des lunettes ou d’apprendre que ses yeux sont atteints d’un mal incurable. A croire que pour moi fin d’année au Japon rime avec rendez-vous en médecine spécialisée … Pour ma fin d’année 2020 c’était la dent dévitalisée pour noël (et la peur de finir ruinée). Je devrais, j’espère, avoir un peu plus de contrôle sur la situation cette fois-ci ! A voir !

Si comme les arbres je perds mes feuilles, j’espère le faire avec autant d’éclat. La débauche de couleurs est totale, enivrante. C’est beau. Les couleurs d’automne en japonais ça se dit « kōyō », et fait en particulier référence aux feuilles d’érables (momiji) puisque cela veut littéralement dire « feuilles d’un rouge profond ». Ces changements de couleurs, plus ou moins impressionnants selon les latitudes, fascinent et à raison. Ami.es en zones tempérées, j’imagine que l’on contemple le même phénomène, chaque année, avec un attrait toujours renouvelé ! La vie c’est aussi des processus organiques, les cycles qui recommencent et donnent autant de chances. C’est captivant à voir, et assez libérateur en tous cas de mon point de vue. Il y a du mystique dans les feuilles !

Ici admirer les feuilles d’automne est une tradition observée depuis des centaines d’années, le pendant automnal du hanami des fleurs de sakura au printemps. Au cours du mois de novembre j’ai également pu voir deux arts bien japonais et traditionnels : du nō et, pour la première fois de ma vie, du sumō à l’occasion du tournoi de Fukuoka (le dernier des grands tournois de sumō de l’année). On se rappellera que le mois de novembre commençait justement avec un jour férié dédié à la culture, promesse réussie.

Choses qui ne font que passer,
Un bateau dont la voile est hissée.
L’âge des gens.
Le printemps, l’été, l’automne, l’hiver. (Notes de chevet, Sei Shōnagon)

ただ過ぎに過ぐるもの、帆かけたる舟。人の齢。春、夏、秋、冬。
(「枕草子」 清少納言 )

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