Procrastination

Il ne me reste que les notes, les débuts d’inspiration, des mes dernières tentatives et élans d’écriture sur blog.

La première tentative date de mon retour à Paris, fin septembre, après mon mois de « vacances » (je n’aime pas ce mot, alors j’y mets des guillemets : pour moi c’était plutôt une présence ailleurs) en Italie. J’étais dans le métro depuis gare d’Austerlitz et je songeais qu’il était un peu naïf de ma part de m’attendre à y croiser des amis et connaissances : Paris c’est grand, et on était loin de mes quartiers de prédilection. N’empêche que je trouvais cela sympathique, et j’étais alors toute à ma joie de retrouver Paris, complètement ravie et convaincue des qualités qu’on lui prête. Bien sûr, il y la misère aussi, et en passant la station Marx Dormoy en travaux et toute noire une pensée : il est difficile de paraitre beau sur un fond moche. Le jeu de piste recommençait.

En Italie, dehors, tout était beau et serein, loin du tapage. J’ai marché avec Laurianne, j’ai marché avec Gaspard, j’ai parlé avec les canards du Lac de Côme. J’ai vu, gouté, touché, entendu, et mes pieds, pas à pas, ont éprouvé les reliefs de l’Emilie Romagne, la Toscane, le Trentin Haut Adige, la Vénétie, la Lombardie … Des noms qui évoquent plus de choses qu’auparavant. J’ai capté quelques sons, de criquets avec Florence en vue, de brebis avant l’orage dans les Dolomites, et ce sont les souvenirs les plus justes. Les photos aussi, et plus encore le souvenir de les avoir prises. Comme toujours le corps, lui, se souvient très bien, penser à des souvenirs c’est sentir une force en soi qui se réveille … J’imagine un long dragon moustachu qui nage dans l’océan de nos vaisseaux sanguins.

Après l’Italie je m’étais arrêtée au retour chez ma mère et ma sœur. C’était simple et agréable, il faisait chaud, et nous n’avions qu’à parler et nous écouter, profiter de la joie d’être ensembles. En partant j’ai récupéré un service en porcelaine connu sous l’appellation « les tasses chinoises de mamie », souvenir plus tangible que j’avais demandé à garder de ma grand-mère décédée fin 2019. Un coup d’œil adulte a suffit à comprendre que ces tasses, symbole d’exotisme et de raffinement dans mon enfance, n’étaient pas chinoises mais japonaises. Coïncidence ? Je ne crois pas.

Deuxième tentative, j’ai d’abord noté : je regarde des films est asiatiques et j’ai envie d’y aller. Nous étions mi-octobre et l’automne, cette semaine là, était ensoleillé : un léger manteau suffisait pour lire au soleil. J’ai écrit quelques notes dans un parc du 19ème arrondissement où je tentais, après une anesthésie locale chez le dentiste, de manger un sandwich vietnamien : ridicule mais pas impossible. Une femme m’avait proposé de regarder l’éclipse solaire (partielle) avec des lunettes prévues pour. Ca m’avait fait plaisir. Puis j’avais marché vers Beaubourg, pour aller chez la kiné, rendez-vous médical habituel de cette tranche de vie parisienne mais non moins singulier. J’ai toujours ses doigts dans la bouche pendant au moins une partie de la consultation mais cela ne nous empêche pas de parler beaucoup, de tout, et bon nombre d’histoires insolites. Cela devait être une des premières fois que, répondant à ses questions, j’évoquais mes projets futurs de voyage, de départ, d’études et de Japon.

Maintenant il fait froid et j’ai commencé à me dire qu’il se pourrait bien que j’écrive mon dernier bout de parchemin en France avant un moment. L’année s’achève, et demain sera le premier jour du dernier mois de 2022. J’ai décidé de partir au Japon en avril pour une durée indéterminée et d’y étudier (un peu plus, un peu mieux, avec certaines attentes) le japonais. J’ai aussi décidé d’aller passer un bout de l’hiver en Inde avant, histoire de réveiller un peu le dragon moustachu tamoul qui sommeille en moi. Le départ se confond avec les retours : il éveille la curiosité et m’invite à profiter de Paris.

NB : Ces derniers mois j’ai noté avoir développé une légère tendance à la confusion dans le métro : louper l’arrêt, se tromper de sens. Mais aujourd’hui, dans un regain de souveraineté, j’ai laissé passé trois métros bondés avant d’embarquer.